INTERVIEW Anne Peterschmitt, directrice d‘Initiative emploi
[INSPIRATION]
En 1987, naissait Initiative Emploi dans la mouvance des associations intermédiaires. Son but était d’accompagner via des emplois « tremplin » les personnes éloignées du marché du travail. La première activité créée est Capelia, qui met à disposition du personnel pour les professionnels et les particuliers. En 2007, deux événements viennent bouleverser la vie de l’association. Le premier, interne, est la réinterrogation du projet associatif car au lieu de créer des emplois « tremplin », les personnes employées à Capelia enchaînaient les CDD. L’objectif de conduire les personnes vers un emploi durable a donc été réaffirmé. Le deuxième est externe : en 2007, la loi Borloo est votée et ouvre à la concurrence les entreprises de service à la personne. Le département passe alors d’une trentaine de structures à six cents.
Face à ces deux événements, l’association décide de faire un tour de France des initiatives en quête d’une activité créatrice d’emplois non délocalisables, accessibles à des personnes sans emploi et peu qualifiées. C’est lors d’une journée autour du développement durable organisée par COORACE Ile-de-France qu’Anne Peterschmitt a découvert Lavéo, une entreprise grenobloise, spécialiste du nettoyage écologique et sans eau.
Fin 2011, Initiative Emploi ouvre une entreprise d’insertion avec un fort soutien du département 92, l’État et France Active (via HDSI).
Lavéo Hauts-de-Seine intervient sur différents sites d’Orange, notamment pour nettoyer les véhicules des salariés pendant leur temps de travail. Orange avait l’intuition qu’Initiative Emploi pouvait élargir les services aux salariés via une conciergerie. Ainsi, sous l’impulsion d’Orange Gardens, Initiative Emploi est devenue la première structure affiliée au réseau de la Conciergerie Solidaire en 2016.
Dans cette transition, Initiative Emploi passe donc d’une seule activité à trois et se structure en Groupement d’Entreprises Solidaire (GES) qui porte deux conventionnements (AI et EI). Ces changements structurels font apparaître des problématiques de gouvernance. En 2017, Initiative Emploi sollicite un premier DLA auprès Hauts-de-Seine Initiative, dans le but de structurer ses nouvelles activités. En 2018, un second DLA est entamé sur la gouvernance après avoir fait trois constats. D’une part, le conseil d’administration est de plus en plus resserré et vieillissant subissant une érosion naturelle. D’autre part, la nature du bénévolat a évolué dans l’association, due à une professionnalisation de l’activité. Enfin, la présidence a du mal à se renouveler ne respectant pas les statuts qui limite à deux mandats le statut de président.e.
[ACTION]
Le DLA se concentre alors sur la redéfinition des missions du CA et la méthode de recrutement des nouveaux administrateurs. Face à l’érosion du CA, il faut pouvoir d’une part coopter et former de nouveaux membres et d’autre part réaffirmer la place et l’importance de tous les membres bénévoles. Pour les aider dans ces deux chantiers, cinq séances de travail sont organisées entre décembre et avril 2019. Un prestataire, Cap Projet, est sollicité pour une mission de quatre jours. Diverses résolutions ont été adoptées donnant lieu à une feuille de route sur trois ans. Sur le moyen terme, le but est l’élargissement du CA et du renouvellement de la présidence. Des actions concrètes ont été mises en place comme la cooptation d’une nouvelle personne avec l’envie d’un groupe plus jeune, en activités, appartenant à d’autres réseaux… Cette cooptation a été un succès car le CA est passé de 10 à 16 membres.
Les temps de dialogues ont été également redéfinis. Le CA se retrouve quatre fois par an. Des groupes de travail nourrissent la vie associative (groupe de travail qualité, communication, gouvernance…). Ils allient administrateurs et salariés. Ces derniers ont été davantage impliqués dans la gouvernance. Les leviers de motivation et de mobilisation des membres bénévoles passent aussi par une implication concrète et une ambiance chaleureuse au sein des instantes formelles et informelles.
[CAPITALISATION]
Ce DLA a permis, pour Anne Peterschmitt, une réelle mobilisation des parties prenantes autour de la gouvernance et surtout une redéfinition des rôles : « Chacun a pu trouver sa place en accord avec sa volonté d’investissement. » L’association a pu par exemple définir plusieurs rôles et niveaux d’engagement : bénévoles d’influence, bénévoles administrateurs et bénévoles d’actions. Les administrateurs et les bénévoles ont eu le sentiment que leur valeur ajoutée a été reconnue et mise en avant, car même eux n’avaient pas toujours conscience de l’importance de leur rôle. Les nouveaux formats de mobilisation et l’arrivée de nouvelles personnes « donnent un second souffle à la vie de la structure et donnent à tous l’envie de s’y investir » : séminaires, temps festifs…. Des sujets plus transversaux ont également pu être mis sur la table : la parité homme-femme dans les instances de gouvernance ou encore une meilleure représentativité territoriale. Le DLA continue d’accompagner Initiative Emploi avec des rendez-vous trimestriels pour faire le point : « Ça nous pousse à avancer sur notre feuille de route et à rester mobilisés », témoigne Anne Peterschmitt.
