Témoignage

Les Maisons Sport-Santé

Les Maisons Sport-Santé (MSS) ont pour but d’informer, d’accueillir, d’accompagner et conseiller les personnes souhaitant pratiquer une activité physique et sportive à des fins de santé, de bien-être, quel que soit leur âge.

INTERVIEW CROISÉE DE PIERRE REDOU, MAELLA GUIGOURES ET INGRID FOURNY,

responsables de MSS et prestataire pour le DLA

 

Réfléchir ensemble à une coopération entre Maisons Sport-Santé en Bretagne : le souhait initial qui a mené à un accompagnement collectif DLA

Les Maisons Sport-Santé (MSS) ont pour but d’informer, d’accueillir, d’accompagner et conseiller les personnes souhaitant pratiquer une activité physique et sportive à des fins de santé, de bien-être, quel que soit leur âge, pour « remettre les gens en mouvement ». En Bretagne, il existe vingt-trois maisons Sport-Santé. En 2023, certaines de ces structures pouvaient entretenir des liens, selon leur proximité géographique, mais n’avaient pas envisagé de coopérations fondées sur des principes plus structurés. Pierre Redou, directeur de l’OCAS, qui porte la MSS Breizh Activ le résume ainsi :« On était 23 MSS en Bretagne, on se connaissait parfois, car il y avait une proximité géographique, et une de nos missions était d’orienter des publics, donc on avait des liens, mais sans se poser la question de comment on pouvait se réunir avec des missions communes, et travailler davantage ensemble ».

En faisant ce constat, un groupe réunissant quinze d’entre elles décide de se tourner vers la Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire (CRESS) de Bretagne, porteuse du DLA en Bretagne. Leur objectif est alors clair : penser un projet sport santé pour des MSS à l’échelle de la région, entre acteurs de terrain, et pouvoir parler d’une seule voix auprès des partenaires institutionnels. « Nous souhaitions être reconnus comme un acteur incontournable dans le Plan Régional Sport Santé Bien-être, faire ensemble entre MSS, et mieux se connaître pour mieux travailler ensemble ».

Suite à un diagnostic mis en place avec Marie Clapier, accompagnatrice DLA pour la CRESS Bretagne, les MSS valident le souhait d’une démarche essentiellement collective pour entrer en coopération. Marie Clapier leur propose alors de consulter plusieurs prestataires, et elles font le choix conjointement de solliciter la consultante Ingrid Fourny de l’Agence V°IF, afin de poursuivre les réflexions initiées, à travers une prestation de conseil missionnée par le DLA.

Un accompagnement collectif sur plusieurs mois : d’une volonté de travailler ensemble à la création du premier collectif régional de Maisons Sport-Santé

Un premier échange, animé par Ingrid Fourny, permet de renforcer l’interconnaissance entre les membres des différentes MSS. Suite à cela, les rencontres continuent, sur un rythme d’une journée mensuelle, entre septembre et décembre 2023. Ainsi, le travail engagé avec la consultante leur a permis de construire collectivement des documents cadrant la raison d’être du collectif, la possibilité d’accueillir de nouveaux membres, des outils de positionnement et de planification. Ils ont aussi créé des outils collaboratifs, le collectif s’étant entre autres doté d’un mail commun et d’espaces de discussion et de partage de ressources.

« La volonté était de faire ensemble mais on ne savait pas par où commencer et comment le faire », explique Pierre Redou. « L’accompagnement était progressif : nous sommes partis d’un champ large pour le préciser petit à petit. Nous avancions progressivement, sujet par sujet ». Pour les participant.es, le travail réalisé leur a permis d’éclaircir ce qu’ils attendaient du collectif, et les moyens à mobiliser pour cela. « L’accompagnement nous a permis d’avoir une ligne directrice plus claire, et mieux savoir comment on allait faire. [..] Ingrid a permis d’éclaircir cela, et on sait maintenant mieux où l’on va », résume Maëlla Guigoures, coordinatrice pour la MSS de Lorient. Pour ces deux responsables de MSS, la réussite du projet a reposé sur deux facteurs clés : la qualité de la prestation de conseil fournie par la consultante et la mobilisation d’un temps de travail régulier consacré au développement de ce collectif naissant. « On se dédiait une journée », raconte Maëlla Guigoures. « Cela nous sortait de notre quotidien, de notre dispositif : c’était un temps extérieur, qui ouvrait notre vision et notre champ d’action »

Malgré des agendas chargés, la participation active et l’assiduité des membres ont été essentielles à la réussite de la démarche, elle-même portée par la conviction commune de vouloir travailler en collectif. « Quand l’accompagnement démarre, ils savent qu’ils veulent travailler ensemble », résume Ingrid Fourny, avant d’ajouter : « au-delà de l’assiduité par une présence, ça a été un engagement fort ». En effet, l’engagement ne s’est par ailleurs pas arrêté aux portes de l’accompagnement : les participants se sont saisis des échanges lors des ateliers pour engager dès cet instant des démarches en parallèle et solliciter d’autres acteurs.

Reconnaissance institutionnelle comme un acteur de référence du sport-santé et renforcement des liens entre MSS : les effets directs de l’accompagnement DLA

« Votre réussite, c’est aussi la reconnaissance et la légitimité que vous avez acquises face aux institutions décideuses dans les orientations du sport-santé ». En une phrase, Ingrid Fourny résume l’un des effets majeurs de l’accompagnement : la légitimité que le collectif a vite gagnée. Il a rapidement été reconnu comme un acteur incontournable dans le domaine du sport santé bien-être. Démontrant sa plus-value et sa capacité à parler au nom de ses membres, il est aujourd’hui reconnu comme acteur à part entière, sollicité par des institutions et présent dans les différents réseaux du sport-santé. Comme le précise Pierre Redou, « C’est une vraie réussite, d’avoir été intégré depuis janvier, dans le comité du Plan Régional Sport Santé Bien-être [SSBE]». Le collectif a aussi été invité à témoigner durant la journée organisée par le collectif « pour une France en forme », le 17 avril, dans le cadre des bonnes pratiques régionales et est devenu signataire du Plan régional SSBE.

Un second effet a été le renforcement des liens entre les différentes Maisons Sport Santé. En apprenant sur leurs fonctionnements, expériences, métiers, et particularités respectives, elles ont réussi à faire de leurs différences une richesse, et à réfléchir de façon plus transversale et pluridisciplinaire. « Cela était une crainte pour moi au début », raconte Maëlla Guigoures. « Comment allions-nous pouvoir répondre à des problématiques communes alors que nos besoins peuvent différer d’une structure à l’autre du fait de l’hétérogénéité de nos statuts ? L’accompagnement m’a permis de changer d’opinion et de me dire que c’est notre force, car avec cette diversité, on s’apporte les uns les autres, et l’on peut voir si nos expériences sont transposables ». Les temps de travail en commun, renforcés par des déjeuners plus informels durant les journées de rencontre, ont aussi renforcé l’interconnaissance et la confiance entre les membres. Cela facilite à présent la mise en place d’actions en commun : par exemple, la MSS de Rennes et la MSS de Lorient ont collaboré pour proposer une antenne de formation sport santé sur la commune de Lorient. « Le fait de se connaitre bien facilite le travail en commun, et on se contacte plus facilement maintenant. », confirme Maëlla Gigoures.

Un accompagnement réussi, qui a eu lieu au moment opportun

A la fin de l’accompagnement, en février, le collectif nouvellement constitué a organisé une rencontre pour présenter la démarche aux MSS bretonnes n’ayant pas participé à l’accompagnement, afin que celles intéressées puissent rejoindre le collectif. Cela a été le cas des sept structures présentes à la présentation, portant à seize le nombre de MSS dans le collectif, pour vingt-trois MSS dans la région.

« On ne l’a jamais mis à l’ordre du jour mais on l’a abordé à chaque journée ». Comme le résume ainsi Pierre Redou, un sujet est revenu régulièrement sur la table tout au long de l’accompagnement : la question de la forme juridique du collectif. Le parti pris de l’accompagnement ayant été de se concentrer sur les coopérations entre membres, le choix a été fait de ne pas aborder pour l’instant la question juridique, et d’y revenir dans le futur, quand leur projet sera plus abouti. « Le choix judicieux qui a été fait a été, d’abord, de penser le projet ; vous pourrez ensuite réfléchir à l’outil juridique le plus adapté. », met en avant Ingrid Fourny.

« Nous étions prêts, grâce à ce travail structuré, qui nous a permis de saisir les opportunités qui nous ont été tendues ensuite : cela s’est fait plus vite que nous l’aurions espéré ». Comme l’exprime Maëlla Guigoures, le collectif a à ce jour bien avancé sur le plan d’action prévu, ce qu’ils imputent au calendrier de l’accompagnement. Celui-ci a eu lieu au bon moment, alors que chaque membre était mature dans sa réflexion de coopération, et prêt à s’y impliquer. A ce jour, le collectif prépare sa feuille de route pour le 2nd semestre 2024 et les membres souhaitent y inclure des échanges de pratiques entre MSS. Un logo est aussi en cours de réalisation, permettant symboliquement d’achever la création de ce jeune collectif.