Témoignage

[Belles Histoires] DLA & mobilités

Le projet de la TRAME est né dans le cerveau d’une poignée de citoyen·es de la Haute Vallée de l’Aude (le collectif Elus & Citoyens de la HVA) alarmés par la dégradation de l’environnement et des services publics, notamment des transports. Ensemble, ils ont créé en 2019 l’Association La TRAME (Transition avec le Réseau Audois de la Mobilité Ecologique), qui se donne pour mission de développer un réseau de mobilités actives et partagées, exclusivement de proximité, qui redynamisent aussi l’économie locale.

INTERVIEW DE MARIANNE LARGUIER,

coordinatrice à la TRAME

 

Le besoin initial : pérenniser une association créée pour porter un projet expérimental de covoiturage

En 2019, la Trame a été créée pour porter une expérimentation de covoiturage financée par la région Occitanie. Le principe ? Dans ce territoire rural et peu peuplé, caractérisé par une population vieillissante et un manque de services publics – notamment de transports -, ce dispositif de covoiturage de proximité permet aux passager·es de trouver des conducteurs·trices pour partager un trajet. Grâce à une base de données des personnes souhaitant covoiturer, la TRAME met en relation passager·es et conducteurs·trices. Ces dernier·es reçoivent ensuite une rétribution à l’aide de « tickets TRAME », tickets à dépenser dans les commerces locaux partenaires – pour soutenir l’économie locale.

Les financements alloués au projet financé par le Conseil régional ont permis de faire fonctionner l’association et le projet de covoiturage dans son entièreté, pendant un an initialement ; suivi d’une reconduction durant deux années consécutives. A la fin de l’expérimentation du projet de covoiturage, l’association s’est posée la question de sa pérennisation et des moyens nécessaires à cela. C’est dans ce contexte que la TRAME s’est rapprochée du DLA de l’Aude, porté par Trait d’Union Accompagnement.

 

L’importance « d’avoir un retour, d’un point de vue extérieur, sur notre situation » – Faire un état des lieux de la structure

L’association, alors représentée par le Conseil d’administration et Marianne Larguier, seule salariée à l’époque, a rencontré Perrine Cantier, chargée de mission DLA dans l’Aude, pour diagnostiquer les besoins de l’association. Il est alors ressorti le besoin de trouver des solutions pour pérenniser l’association, mais aussi celui de réfléchir à la stratégie de l’association sur les années à venir. Perrine Cantier leur a fortement recommandé de rédiger un projet associatif pour les cinq prochaines années, afin de se projeter et d’identifier ce vers quoi ils souhaitaient aller.

Une fois ces besoins clarifiés, elle leur a proposé de se tourner vers un expert, qu’ils ont souhaité être à la croisée de plusieurs expertises : le fonctionnement associatif, le secteur de la mobilité, et les enjeux autour de la ruralité. Ils ont ainsi décidé de travailler avec un consultant, Cyrille Gallion, qui avait lui-même créé un transport solidaire.

 

Réfléchir au projet associatif et mettre en place un projet de transport solidaire

Le premier volet de l’accompagnement a été de réfléchir au projet associatif, et aux principales actions que souhaitait porter l’association sur les années à venir. De ces réflexions est ressortie la volonté de continuer le travail réalisé sur le covoiturage, ainsi que de se consacrer aux mobilités solidaires (garage solidaire, transport solidaire), aux solutions de déplacements écologiques (autopartage), ou encore à l’apport d‘expertise de la part de l’association sur le territoire.

« On se rendait compte qu’il y avait sur notre territoire des personnes qui n’avaient pas de solution de mobilité », raconte Marianne Larguier, salariée de l’association. Face à ce constat, ils se sont concentrés sur la mise en place d’une activité de transport solidaire, en complément des solutions de covoiturage, déjà existantes. Le principe de cette nouvelle activité était de proposer aux personnes sans alternative de transport d’être accompagnées par des bénévoles pour des rendez-vous de santé, administratifs, etc. L’expert les a aidés à mettre en place à la fois des éléments de méthodologies de développement de cette activité (rétroplanning du projet, étapes…) ; il les a aussi accompagnés sur le fond du sujet, en les conseillant au vu de sa propre expérience, sur les possibilités de levées de fonds pour cette activité, les difficultés potentielles et points de vigilance, etc. Enfin, il leur a proposé de les accompagner à travers une formation sur ces sujets, en complément des temps d’appui-conseil. Ainsi, les deux salariées (une nouvelle salariée ayant été à ce stade recrutée) ont pu participer à une formation de trois jours, financée par un opérateur de compétence (OPCO), qui a porté sur la recherche de financement et l’accompagnement des publics fragiles.

 

 « Leur regard extérieur et [les conseils donnés] nous rendait plus légitimes à faire avancer les choses »

Pour Marianne Larguier, au-delà des apports techniques sur des sujets précis, un des apports du DLA était « de pouvoir avoir quelqu’un qui fasse la médiation entre l’équipe salariée, les bénévoles et le conseil d’administration pour les prises de décision. » A travers les interventions de Perrine Cantier et de Cyrille Gallion, « leur regard extérieur et [les conseils donnés] nous rendait plus légitimes à faire avancer les choses ». Qu’un regard extérieur et objectif se pose sur les décisions stratégiques de l’association les a aidés à « oser prendre des risques ». Ainsi, comme le précise Marianne Larguier, l’expert consultant les a incités à recruter et aller de l’avant pour développer les projets de l’association.

Aujourd’hui, l’équipe salariée de la TRAME s’est étoffée à trois personnes, dont le financement du deuxième poste a été en partie possible grâce à cet accompagnement DLA. Leur budget est maintenant aussi plus conséquent et leur permet de mener à bien de nouveaux projets. Ils ont notamment été lauréat d’un appel à manifestation d’intérêt de l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT) et se positionnent maintenant en référent mobilité sur le territoire, afin de créer des outils pour que les différentes mobilités – et les mobilités durables – soient plus visibles. Le fait que ce projet soit pluriannuel leur permet par ailleurs d’avoir une vision à plus long terme de leur stratégie Le prochain projet à venir ? L’association souhaiterait à présent porter des actions de sensibilisation aux nouvelles mobilités, et ses membres sont en train de se former à ce sujet.