INTERVIEW DE
FATIMA IDHAMMOU,
fondatrice de Réseau d’échanges et de restauration
L’envie de se faire accompagner par un·e expert·e pour mesurer leur capacité de développement
En 2017, une association gagne un appel à manifestation d’intérêt de la SNCF Gare partagé pour créer un projet d’alimentation durable, et peut ainsi s’installer dans un espace de la SNCF à l’abandon, la gare de Garces-Sarcelles, pour y monter son projet : c’est ainsi que nait Réseau d’échanges et de restauration (R.E.R), dont l’acronyme est resté un clin d’œil au réseau de transport francilien.
Leur objectif est double : offrir une alimentation saine et durable aux habitants de ce territoire implanté en quartier prioritaire de la ville, via l’animation d’un café-restaurant associatif, et accompagner des femmes du territoire vers un emploi stabilisé dans le cadre d’un chantier d’insertion proposé par l’association.
Très vite, le projet se développe et quand lui vient l’opportunité de s’installer dans de plus grands locaux, ils décident de faire appel au Dispositif local d’accompagnement (DLA) pour les accompagner à mesurer leur capacité à se développer.
Un accompagnement sur l’installation dans un nouveau lieu, l’organisation financière associée, et la stratégie des années à venir
«[Nous avons souhaité] mesurer avec une personne dont c’est le métier notre capacité à développer notre activité et nous développer dans un autre lieu » raconte Fatima Idhammou, fondatrice de l’association R.E.R. Pour cela, Edwin Cohen, chargé de mission DLA pour Initiactive 95 dans le Val d’Oise, commence par mener un diagnostic partagé, qui a permis à R.E.R d’identifier clairement ses besoins et ses freins au développement, dans un cadre de confiance. « Même avant d’avoir commencé l’accompagnement, on se pose les bonnes questions, les questions qui fâchent un peu parfois, ou qui nous titillent, sur les financements, sur les moyens pour mettre en place les objectifs », raconte Fatima Idhammou. L’accompagnement en lui-même porte sur l’aspect technique de leur installation, et notamment l’organisation financière. Il permet aussi de réaliser des scenarii permettant de définir la stratégie pour les années à venir. « A la fin du DLA, on n’est pas sur un constat, mais sur des actions concrètes et des choix à faire avec le conseil d’administration et les partenaires ».
Un an plus tard, en 2018, les besoins de l’association ont évolué et elle fait appel nouvellement au DLA, cette fois-ci pour renforcer son modèle économique et évoluer vers un autre type de gouvernance, coopératif cette fois-ci. « L’idée était de réunion tout le monde pour que chacun puisse apporter et construire sur des décisions communes ». Cet accompagnement les a appuyés à envisager le passage en Société coopérative d’intérêt collectif (Scic), et les acteurs mobilisables dans ce contexte. Ils ont aussi eu l’occasion de participer à un accompagnement collectif, qui a pu renforcer une dynamique de réseau sur le territoire en mettant en contact les différents acteurs.
« L’accompagnement DLA permet de faire un pas de côté et de pouvoir se réinterroger sur le projet »
« Dans la vie d’un projet associatif, il y a des questionnements, des problématiques soulevées par ce que l’on fait. Il y a des choses que l’on n’a pas forcément anticipées, surtout quand on a la tête dans le guidon. [L’accompagnement] permet de faire un pas de côté et de pouvoir se réinterroger sur le projet. »
Un autre aspect non négligeable pour le développement de R.E.R a été la légitimité que l’accompagnement leur a apportée après de leurs partenaires. R.E.R s’était positionné sur une thématique qui n’était pas encore identifiée comme prioritaire à l’époque : l’alimentation durable. Il fallait donc qu’ils convainquent de leurs actions les institutions et la communauté d’agglomérations de l’importance d’avoir une politique d’alimentation saine et durable pour les habitants. « Le DLA nous a permis d’assoir notre projet auprès des décideurs, de montrer [qu’un expert] a pris le temps de décortiquer notre projet et a montré que c’est possible dans un certain cadre ». C’est en partie grâce à l’accompagnement DLA que R.E.R a réussi à convaincre les élus et a pu obtenir leur convention d’occupation pour installer leur activité.
Au 31 décembre 2022, R.E.R possédait un agrément de 10 ETP en insertion, ainsi que 5 salariés dans la structure. Le tiers-lieu quant à lui, s’est développé et porte maintenant aussi un rôle de valorisation du patrimoine local : on peut trouver dans le local des livres historiques, des informations sur les actions portées par les acteurs du secteur ; l’association propose aussi des balades urbaines, nous invitant à changer notre regard sur ce territoire. R.E.R souhaite aussi faire grandir son modèle, et songe à l’essaimer sur d’autres territoires.